Ohlala ça faisait très longtemps que je n’avais pas écrit. La dernière fois date des tests de sextoys que je réalisais. J’ai avant tout besoin de résumer mon petit chemin de vie entre 2019 et 2024, afin de poser les bases à mon retour dans le monde du travail du sexe. Pas facile de résumer 5 ans de sa vie en quelques lignes… car il s’en est passé des choses. Malheureusement, je ne peux que survoler ce laps de temps, sinon je pourrais écrire un roman. C’est d’ailleurs pour ça que d’autres formats seront bientôt disponibles pour parler plus en détail de cette période, de mes motivations, mes envies, mes déceptions, etc. Alors installe-toi confortablement, c’est parti !

La première fois que j’ai allumé ma cam, c’était le 8 mars 2017. La dernière cam date de plus ou moins la même période 2 ans plus tard, en 2019. J’ai néanmoins créé quelques vidéos par la suite. Mes dernières vidéos datent de fin 2019 pour mes calendriers de l’avent. Un peu plus de 2 années où je me suis amusée, parfois moins, où ma vie à changer, où la pression s’est installée. Bref, je vais vous raconter ce qui s’est passé.

Pourquoi j’ai arrêté la cam 

La première raison, la plus évidente pour moi, de mon arrêt du travail du sexe est due à mon endométriose.C’est en grande partie grâce à la cam que j’ai pu me rendre compte que quelque chose n’allait pas. Grosses douleurs et découverte par mes soins d’une petite grosseur dans le fond de mon vagin. Le diagnostic a été annoncé en juin 2017, soit 3 mois après le début de la cam. Un article complet sera bientôt disponible à ce sujet.

Je ne vais pas m’attarder sur le sujet, mais sache simplement que cette maladie affecte le système reproducteur féminin et qu’elle fait beaucoup souffrir. J’ai vécu une véritable descente aux enfers depuis le diagnostic et il a fallu 5 ans pour que je récupère un confort de vie.

La deuxième raison de mon arrêt est une question d’ego, je dirai.  J’ai voulu qu’on s’intéresse à moi pour ce que je fais et non pour ce que je suis (ce qui pour moi était très superficiel). J’ai été confrontée avec la cam à des personnes qui ne me voyaient que comme un objet de plaisir. Je me suis toujours battue pour que les personnes derrières leur écran se rendent compte que peu importe ce qu’on fait de notre corps, ce qu’on véhicule comme image, ce qu’on propose comme contenu, on reste des êtres humains. Des personnes qui aiment d’autres choses que le sexe. Non, je ne me touche pas la choupette toute la journée. Le sexe est quelque chose de super sympa, mais je ne pourrais pas faire que ça de ma vie. C’est une facette de moi ! Je suis d’autres choses à côté.

La troisième raison, c’est la pression. À un moment, dans chaque activité, on est confronté à de la concurrence et on peut très vite tomber dans cette spirale infernale de toujours plus. Toujours aller plus loin, toujours plus d’argent, se comparer aux autres. Le tout est de savoir garder le cap, de rester fidèle à ses valeurs. Ma motivation ayant pris un gros coup à cause des deux précédentes raisons, ça a été compliqué pour moi de garder le moral et le cap. Je n’en avais plus l’énergie. Du coup, tous les mauvais côtés de la cam prenaient de plus en plus de place. Vous verrez plus bas que c’est un problème qui n’est seulement lié à la cam.

En résumé, j’ai perdu confiance en mon corps, je ne le connaissais plus. L’envie d’être reconnue pour mes capacités et la pression m’ont contrainte à mettre un terme à mes batifolages en cam. J’ai néanmoins continué à poster des vidéos. Mais les dernières ont été très laborieuses à tourner, car l’envie n’était plus là. J’entreprenais également un nouveau départ professionnel en parallèle.

Ce qui s’est passé depuis l’arrêt en 2019

Après l’arrêt du travail du sexe, en 2019, j’ai repris une activité qui m’a suivie tout au long de ma vie, le dessin. J’ai commencé à participer à mes premiers salons geek en étant artiste. À suivi un enchaînement d’opportunités : faire plus de salons et l’apprentissage du tatouage. J’ai notamment tourné mes dernières vidéos du calendrier de l’Avent juste avant de commencer mon apprentissage.

Ensuite le covid est arrivé. Moi et Nam avons fait un ensemble de « mauvais » choix qui ne paraissaient pas si mauvais à l’époque et on a enchainé les galères jusqu’à maintenant. Il a fallu le temps, mais les choses s’arrangent au fur et à mesure et on va vers du meilleur petit à petit.

Pourquoi je veux reprendre le travail du sexe

Premièrement, après un an d’arrêt de la cam, l’idée de la reprise revenait régulièrement. Ça m’avait fait du bien d’arrêter, mais je sentais qu’une partie de moi n’existait plus. Mais notre contexte de vie faisait que je ne pouvais pas reprendre cette activité. Et je n’étais pas prête de toute façon. Je me suis battue en étant entourée des bonnes personnes pour que mon passé ne resurgisse pas trop facilement, étant donné que je participais à des événements publics. Mais cette manière de faire m’a rendue vraiment malheureuse.

Ensuite, j’ai besoin de reprendre confiance en ce corps. Je ne dis pas MON corps, car je ne le considère plus trop comme mon pote. Quand j’ai commencé la cam et le travail du sexe, j’ai été libérée. J’ai trouvé en mon corps un allié. Il m’a fait prendre beaucoup de plaisir, j’avais confiance en lui et j’étais fière de lui malgré ses défauts. Je me sentais, comme je ne me suis jamais sentie avant : mon corps et moi ne formions qu’un. J’avais tellement confiance en moi. Mais ce corps m’a laissé tomber, m’a fait et me fait toujours souffrir. Ce corps, je l’ai haï de toutes mes forces. Ce qui a fait que ce corps, je l’ai négligé. J’ai besoin de renouer avec lui, de reprendre du plaisir avec. J’ai besoin « d’exorciser » ces traumas qu’il m’a fait subir.

Et comme je vous le disais plus haut, après 2 ans d’activité dans le tatouage car oui, je suis tatoueuse, je me confronte au problème opposé de la cam. Le besoin d’exister pour ce que je suis et non ce que je fais et tomber dans cet engrenage du toujours plus pour faire plaisir aux autres (ça ne vous rappelle pas quelque chose ?). Quand on devient entrepreneur dans la prestation de service, c’est très facile de faire se faire passer soi-même en second plan au profit de ses capacités. On néglige son corps, sa santé. On peut oublier qui on est. On se remet en question sans arrêt car on ne semble plus « entier ».

Ce qui me permet de venir au fait de ce besoin d’être soi-même. J’ai longtemps cru que je ne pouvais pas être qui je veux. Je dois réprimer Leianam parce qu’elle ne peut pas coexister avec une activité conventionnelle. Mais j’en ai ma claque ! Oui, je tatoue et peins du Disney et oui, j’ai le droit d’aimer m’exposer nue. Et alors ? J’en ai marre des conventions sociales, j’en ai marre de me cacher, j’en ai marre d’avoir peur. J’en ai marre de paraître « lisse » comme les réseaux sociaux nous imposent de l’être. J’en ai marre de la censure. Je pense réellement que si on continue (et encore plus en tant que femme) d’accepter de rentrer dans ce moule, on court à notre perte. J’ai envie de m’afficher et d’assumer pleinement qui je suis car non, ce n’est pas mal ! On a le droit en tant que femme de pouvoir affirmer notre sexualité et d’assumer un travail à côté. On ne devrait pas avoir à choisir ! Le travail du sexe est un travail formidable, émancipateur et personne n’a le droit de dicter ce que MOI, je peux faire ou non.

A présent j’ai décidé de me battre pour que, peu importe le genre, l’orientation sexuelle, le rang social, la religion, on a tous le droit de faire ce qui nous aide à nous sentir bien dans notre peau.

Merci d’avoir d’avoir pris le temps de lire. J’ai hate de vous retrouver très bientot et de vous proposer à nouveau du contenu. Vous m’avez manqué !